Préparation
du plasmide T-DNA
Le plasmide T-DNA est
initialement intégré dans le Ti-DNA. C'est sous forme de
simple brin qu'il est exporté dans le noyau de la cellule végétale
cible. Les protéines VirD1 et VirD2 sont des endonucléases
spécifiques qui reconnaissent les bords du T-DNA (séquences
spécifique de 25 paires de bases) ainsi que le brin qui sera exporté
et l'excisent. VirD2 s'attachent de manière covalante sur l'extrémité
5' du simple brin du T-DNA. Le brin de T-DNA est recouvert par plusieurs
copies (environ 600) de la protéine VirE2, ce qui permettrait la
protection du T-DNA contre les nucléases de la cellule végétale
cible (Howard et Citovsky, 1990). Les protéines virE1 stabilisent
les protéines VirE2 (Citovsky et al., 1992, Sundberg et
al., 1996). L'ensemble VirD2, VirE2 et T-DNA simple brin constitue
le "compexe T". Des résultats récents suggèrent que
les protéines VirE2 sont exportées séparément
du T-DNA vers la cellule végétale (Lee1 et al., 1999}).
On suppose que les protéines VirE2 et VirD2 sont aussi responsables
de l'adressage du T-DNA vers le noyau, à travers les pores nucléaires.
VirD2 aurait la structure d'une topoisomérase.
Transport du plasmide
T-DNA
Les protéines
VirB (11 protéines produites par l'opéron
virB) ainsi
que VirD4 serviraient de canal entre la bactérie et la cellule végétale
cible. VirB1 serait la seule des protéines VirB qui ne soit pas
indispensable pour le transfert du T-DNA. De nombreuses études comparent
le système de transfert du T-DNA d'Agrobacterium tumefaciens
avec le système de conjugaison du plasmide F de
E. coli,
régulé par les gènes tra qui permettent l'établissement
d'un tunnel entre la cellule hôte possédant le plasmide et
une cellule cible dépourvue du plasmide. Ce "tunnel"est formé
par un pilus par lequel transite le plasmide. Dans le cas d'Agrobacterium
tumefaciens, la protéine VirB2 serait la composante essentielle
du pilus qu'Agrobacterium tumefaciens forme pour se connecter
sur la cellule végétale cible. La structure prédite
de VirB2 est la même que TraA, impliquée dans la conjugaison
du plasmide F de E. coli. virB2,
virB3 et virB9
sont impliquées dans la synthèse du pilus de conjugaison
(Jones et al., 1996). L'export de VirB2 nécessiterait l'action
d'autres protéines Vir (Lai et Kado, 1998). VirB1, située
sur la membrane interne d'Agrobacterium tumefaciens et ayant une
structure N-terminale similaire aux transglycosidases bactériennes,
serait responsable de la lyse local de la paroi cellulaire de la bactérie,
permettant la formation du pilus (Baron et al., 1997). VirB1
est aussi responsable de la synthèse d'un
propilin, impliqué
dans le contact initial avec la cellule cible, par l'assemblage de protéines
VirB1*, sécrété dans le milieu de culture (Baron et
al., 1997, Chumakov et Kurbanova, 1998). La protéine chromosomale
AcvB jourait un rôle essentiel dans le transfert du plasmide, mais
ce rôle pourrait être remplacé par virJ, régulé
par l'acétosyringone (Pan
et al., 1995). VirB8 est située
sur la membrane interne d'Agrobacterium tumefaciens (Thorstenson
et Zambryski, 1994).
Intégration
dans le génome végétal nucléaire
L'intégration
du plasmide au sein du génome de la cellule cible ne nécessite
aucune protéine codée par le T-DNA. Elle ne dépend
que des protéines bactériennes ainsi que des protéines
de la cellule végétale chargée de réparer l'ADN.
Plusieurs copies du T-DNA peuvent se retrouver dans le génome nucléaire
de la cellule végétale infectée. L'intégration
du T-DNA au sein du génome nucléaire se fait au hasard :
aucune préférence pour un chromosome particulier n'a été
observé dans les espèces couramment utilisées en recherche
en biologie végétale. Il semble de la même manière
qu'aucune structure génique ne soit favorisée lors de l'intégration
du T-DNA. L'insertion du T-DNA dans l'ADN végétal nucléaire
s'accompagne de petites délétions (13-73 paires de bases)
au niveau du site d'insertion. D'autre part, on observe la copie d'une
séquence de 158 paires de base situé à
proximité du site d'insertion chez Nicotiana
tabacum
(Gheysen et al., 1987). Le côté
3' du T-DNA est très peu conserve après insertion alors que
le côté 5' qui est lié à la protéine
VirD2 est parfaitement conservé. Ces modifications suggèrent
que l'intégration du T-DNA se fait en plusieurs étapes et
que des enzymes impliquées dans la réparation de l'ADN végétal
telles que ADN-polymérases, ligases, topoisomérases et hélicases.
Ceci est fortement appuyé par le fait que deux lignés mutantes
d'Arabidopsis hypersensibles aux radiations dans les ultraviolets et rayons
gamma ne sont pas capable d'intégrer le T-DNA.